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[France Inter] Fanny Bozonnet invitée des Carnets de Campagne

[France Inter] Fanny Bozonnet invitée des Carnets de Campagne

France Inter
Lundi 15 mars 2021

Carnets de Campagne, avec Philippe Bertrand

 


 

Philippe Bertrand :

Quand un industriel bouleversé par la situation de certaines familles et par leur précarité éducative passe à l’action cela donne une merveilleuse, je pèse mes mots, une merveilleuse association : Ma Chance Moi Aussi.

Le travail et surtout le suivi réalisé auprès des enfants sur la durée est exemplaire. C’est notre solution des Solidarités Jeunes de ce lundi.

Fanny Bozonnet, bonjour. Fanny vous êtes Directrice Générale d’une géniale association dont j’ai parlé rapidement il y a quelques temps dans les Carnets de campagne, qui s’appelle Ma Chance Moi Aussi. En 2015 sur la volonté d’un industriel de la métallurgie, André Payerne, qui, passé à la retraite, était très touché par la situation d’enfants issus de l’immigration, d’enfants de quartiers défavorisés, d’enfants en situation très dramatique. Il s’est investi pour créer la première antenne à Chambéry.

 

Fanny Bozonnet :
Exactement l’association a été créée à Chambéry, il y a maintenant 6 ans avec cette ambition : que tous les enfants en France doivent avoir les chances de réussir, de construire leur vie. C’est en effet un sentiment de révolte qui a poussé André Payerne a créer cette association. 

 

Philippe Bertrand :

Premières interventions auprès d’enfants en bas âge 5 à 6 ans. Aujourd’hui le réseau s’est étendu et ce qu’il faut dire à chaque fois c’est d’abord que la situation de certains enfants dans les quartiers est épouvantable : dans l’accès à la culture, aux activités, dans l’éducation, dans la scolarité, dans l’aménagement de vie, l’organisation de vie, et que vous suivez parfois pendant dix ans ces jeunes.

 

Fanny Bozonnet :

L’objectif c’est d’être aux côtés de ces enfants et des parents pendant dix ans s’il le faut. Donc on intervient le plus tôt possible à l’âge de 6 ans au moment de l’entrée en CP et on va venir apporter une prise en charge qui va être globale. Aujourd’hui comme vous dites, dans ces quartiers on a 50% des enfants qui vivent sous le seuil de pauvreté, on a un enfant sur trois qui quitte le système scolaire sans formation. Il y a des situations qui sont assez dramatiques dans ces quartiers et très clairement une inégalité des chances. L’objectif c’est de se dire que ces enfants ils ont des potentiels, ils ont des parents mais que ces parents ont besoin d’un soutien pour les accompagner d’un point de vue éducatif. 

 

Philippe Bertrand :

Un travail quotidien que vous réalisez sur huit antennes, la neuvième va ouvrir à Drancy. Vous êtes d’abord en région Auvergne-Rhône-Alpes. C’est le soutien scolaire le soir, ce sont des activités d’éveil artistique, culturel, du sport le mercredi après-midi et puis aussi une partie des vacances scolaires. Ce temps consacré à ces enfants implique d’abord vous avez plusieurs établissements je ne sais pas comment vous organisez pour gérer ça. Mais surtout des bonnes volontés ce sont des salariés, des bénévoles ou les deux à la fois ?

 

Fanny Bozonnet :

On a en effet de belles équipes très impliquées sur le terrain, très professionnelles dans leur domaine, pluridisciplinaire : des enseignants, des psychologues, des professeurs d’échecs, de musique, des référents éducatifs. C’est vraiment la pluralité des compétences qui va venir conforter le modèle. Principalement, en effet, des salariés puisque le modèle de développement de Ma Chance Moi Aussi dans l’esprit d’André Payerne, le fondateur, c’était de faire de l’action sociale, de l’action humaine, mais avec des méthodes, une gestion, un management, des évaluations, qui sont à dictées par des logiques d’entreprise pour une meilleure efficacité.

 

Philippe Bertrand :

Il faut marteler ça à chaque fois Fanny, dire que les mots “m o t s”, le vocabulaire, ce que l’on peut apprendre tous les jours avec ces soutiens, permettent d’éviter ceux de la violence et on a les exemples encore récemment dans l’Essonne de clans d’ados qui arrivent à des gestes dramatiques. Quelle parade on peut avoir à ça ? Il y a d’abord ce processus de suivi, de soutien, d’écoute.

 

Fanny Bozonnet :

Tout à fait. Je pense qu’aujourd’hui il y a plein d’enfants qu’on laisse au bord du chemin. Et ces enfants qu’on laisse au bord du chemin, demain peuvent avoir des comportements qui sont en dehors des codes et donc il faut agir au plus tôt pour avoir une meilleure efficacité et agir sur la longue durée et bien sûr avec les parents. On doit redonner confiance, être présents et transmettre un maximum d’outils.

Ce n’est pas seulement les savoirs scolaires c’est aussi des savoir-être, des codes, un éveil artistique, culturel, un éveil aux valeurs républicaines aussi, pour que ces enfants demain soient pleinement intégrés dans la société et qu’au delà du fait qu’ils vont pouvoir choisir leur vie, ils pourront aussi apporter à la société en retour. 

 

Philippe Bertrand :

Vous allez passer de 200 enfants que vous suivez à 550 fin 2022. Vous avez quels moyens pour mettre en place ces soutiens ? Et je pense moyens financiers d’abord, est-ce que vous êtes aidés ? 

 

Fanny Bozonnet :

Le projet il n’a de sens que si on le développe en effet, et l’ambition c’est de pouvoir être présent partout en France, dans les quartiers défavorisés auprès des enfants les plus vulnérables. Aujourd’hui nous sommes financés en grande partie par des fonds privés mais c’est aussi les pouvoirs publics, les agglomérations, les régions qui nous soutiennent et nous souhaitons développer un maximum nos sources de financement pour justement assurer cette pérennité et cet essaimage sur le territoire.

 

Philippe Bertrand :

C’est indispensable, franchement.
Machancemoiaussi.org rejoignez l’équipe. C’est fabuleux le travail qu’ils font. 
Déjà huit établissements, un neuvième très prochainement à Drancy et j’espère que la toile va s’élargir au fur à mesure

 

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