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[Le Figaro] « Pour avancer, il faut dire les choses » : après les violences, les associatifs veulent maintenir le dialogue dans les quartiers

[Le Figaro] « Pour avancer, il faut dire les choses » : après les violences, les associatifs veulent maintenir le dialogue dans les quartiers

Le Figaro
Vendredi 6 juillet 2023
Amélie Rugraff

 

TÉMOIGNAGES – Les associatifs réfléchissent à la meilleure façon de reprendre leur travail auprès des jeunes de quartier. Sans mettre de côté les violences commises pendant la semaine écoulée.

 

« Maintenant, pour avancer, il faut dire les choses ». Après les nuits d’émeutes qui ont succédé à la mort de Nahel, 17 ans, voilà le constat auquel est arrivé Dominique, jeune retraité bénévole vivant à Bondy, dans l’antenne du Rocher, une association catholique dont les membres vivent à l’année dans les quartiers. Depuis une semaine, les pillages, les incendies de bâtiments publics, les dégradations en tout genre ont malmené le dialogue que tentent de maintenir les associatifs avec les jeunes. Désormais, ils réfléchissent à la meilleure façon de le renouer. Sans mettre de côté les actes commis pendant la semaine écoulée.

 

« C’est notre rôle de leur dire qu’ils font n’importe quoi », explique Rémy Henry, président de Fraternités Banlieues à Rouen. Depuis le début des émeutes, il le constate : ceux qui ont pris part aux violences urbaines ne s’en cachent pas. « Certains de nos jeunes ont participé, on le sait », soupire-t-il. « Ils nous disent qu’ils y sont allés », confirme Dominique à Bondy. «Et au bout d’une demi-heure de conversation, certains reconnaissent que ce qu’ils ont fait n’était peut-être pas terrible. Ils ne sont pas fiers », détaille-t-il, « ils se rendent compte qu’ils ne peuvent plus aller à la poste, au Lidl… Ils commencent à se dire que ce n’était peut-être pas une bonne idée ». Rost, le fondateur de Banlieues actives croit à une issue positive : « On les connaît bien, les violences ne changent pas le contact », dit-il.

 

« Enfermés dans la délinquance »

 

Mais, concrètement, comment la parole des associatifs infuse-t-elle auprès des jeunes ? « Il y en a qui ont l’esprit disponible pour entendre ce qu’on a à leur dire, d’autres qui resteront sur leurs positions», reconnaît Rost. « Le canal reste ouvert, ensuite, sur le fond, cela peut être plus compliqué», explique aussi Dominique. « Certains sont réceptifs, d’autres sont enfermés dans la délinquance», témoigne aussi Rémy Henry. Selon lui, le parcours de chacun joue beaucoup. « Récupérer ceux qui passent par la case police ou justice est très compliqué».

 

Le travail des associatifs va aussi se passer auprès de ceux qui n’ont pas participé aux émeutes. Là encore, l’accompagnement est nécessaire, disent-ils. « Ils ont du mal à se positionner, ils ont envie de partager le combat des autres jeunes », explique Fanny Bozonnet, Directrice générale de l’association Ma Chance Moi Aussi. Pour elle, il faut se saisir de la question à la racine, c’est-à-dire dès six ans. Car « rattraper un collégien qui dérive est beaucoup plus difficile que si on commence à le suivre enfant», explique celle qui décrit chez ces jeunes un « problème d’identité ». « Ils ont le sentiment d’être déconnectés des autres citoyens, l’adhésion à la culture et à l’identité française demande à être construite. » Augustin Yvan, directeur de l’école hors-contrat Espérance-Banlieues à Mantes-la-Jolie, va dans ce sens aussi. « Un des besoins fondamentaux des enfants est d’appartenir à un groupe », explique-t-il, « il faut qu’ils puissent s’identifier à un autre groupe que celui du quartier.»

 

L’imaginaire construit autour de la violence n’aide pas, selon eux. D’autant plus que les effets de surenchère, dont les réseaux sociaux se sont fait le porte-voix au moment des émeutes, n’arrangent rien. « Ils entretiennent une fascination pour ceux qui reviennent de garde à vue comme des héros », explique Rémy Henry. « C’est fondamental de faire voir autre chose », explique aussi Rost, « quand on habite dans les quartiers, on vit dans la violence quotidienne, la violence est normale. Et d’ajouter : « Moi si j’étais resté au quartier, aujourd’hui je serais au cimetière. »

 

Crédits photo : ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

 

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